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Comment se passe la fin de la vie en EHPAD ?
Parler de la mort ne fait pas mourir, sinon je serais morte depuis très longtemps. Cela ne fait pas non plus de mal, sinon je serais dépressive depuis des décennies. Côtoyer ces sujets, les mettre sur la table, m’a au contraire rendue plus vivante, plus forte que beaucoup de gens qui se réfugient frileusement dans le déni. Mettre des mots sur les choses, c’est passer de l’ombre à la lumière, de la mort à la vie. Cela permet aussi de chercher ensemble – et de trouver parfois – des solutions à tout ce qui nous paraît insoluble.
Extrait de « L’éclaireuse, entretiens avec Marie de Hennezel » Olivier Le Naire, éditions Actes Sud.
Il est important lorsqu’on s’intéresse au milieu des EHPAD d’être le plus clairvoyant possible sur la période de la fin de la vie et la mort.
En effet, lorsqu’une personne âgée intègre un EHPAD, c’est qu’elle est devenue dépendante d’une aide quotidienne et qu’elle ne peut plus rester chez elle.
Son domicile devient l’EHPAD et c’est souvent le lieu des dernières années de sa vie. L’espérance de vie moyenne est d’environ deux ans et demi dans ces établissements.
La fin de la vie d’un résident est donc une situation fréquente en EHPAD et parfaitement gérée par les équipes médico-soignantes. Le médecin, les infirmières et les aides-soignants et auxiliaires de vie ont été formés pour appréhender ces moments. Même le personnel d’entretien, administratif ou en cuisine est sensibilisé pour que ces instants soient vécus par tous le mieux possible et qu’ils puissent accompagner le résident et ses proches dans les meilleures conditions.
Evidemment, toutes les situations sont différentes mais en général, l’équipe soignante comprend que les derniers jours ou dernières semaines d’un résident sont arrivés. Son état de santé se dégrade petit à petit et certains critères peuvent être significatifs (résultats de prise de sang, saturation en oxygène, tension artérielle etc). Pour autant, rien n’est prévisible avec précision, la vie n’est pas une science exacte.
Durant les derniers jours ou dernières heures, le résident est alité et les équipes multiplient les passages pour veiller à ce qu’il ne manque de rien. L’alimentation est adaptée à ce qu’il souhaite et ce qu’il peut manger, les proches sont bien sûr contactés et présents au maximum, ils peuvent même dormir sur place dans certains cas si l’établissement est organisé pour cela. Le traitement médicamenteux est adapté à la situation, des antalgiques sont prescrits pour éviter les douleurs et la souffrance lors des derniers instants. De l’oxygène peut être ajouté pour soulager aussi la personne en fin de vie. En général, tout sera fait pour que le résident ne soit pas hospitalisé car le transfert à l’hôpital, le passage aux urgences puis l’hospitalisation sont des moments douloureux, incertains et souvent délétères. L’établissement préfèrera privilégier une prise en charge en fin de vie au sein de l’EHPAD, pour que le résident soit entouré des personnes qu’il connait (famille et proches évidemment mais aussi professionnels).
Dans certains cas, une équipe mobile de soins palliatifs peut être sollicitée pour aider l’équipe soignante à accompagner au mieux le résident en fin de vie. Leur expertise en la matière et leur expérience sont très bénéfiques pour chacun. Ces professionnels de santé interviennent pour soulager doucement les souffrances ; ils permettent aussi à chacun de parler, d’exprimer ce qu’il ressent dans ces moments si particuliers et douloureux.
Lorsque la personne est décédée, un médecin doit venir constater le décès et établir le certificat adéquat. Une société de pompes funèbres est contactée rapidement pour venir transporter le corps afin de le conserver dans de bonnes conditions jusqu’aux funérailles. Tout ceci est fait le plus discrètement possible pour ne pas perturber les autres résidents ni le quotidien de l’établissement qui ne s’arrête pas pour autant.
Les derniers instants de la vie d’une personne sont bien des moments de vie. L’arrivée dans un EHPAD n’est donc pas significative de mort. Tout en étant conscients de la réalité, il est important de considérer ces années ou ces mois comme un morceau de sa vie et non comme une avancée irrémédiable vers la mort. Les EHPAD sont bien des lieux de vie, adaptés aux personnes qui ont besoin d’être aidées au quotidien.